Éris est la déesse grecque de la Discorde. Dans le mythe du Jugement de Pâris, elle introduit la pomme de la discorde qui amène Pâris à devoir choisir entre trois déesses : Aphrodite (Amour), Athéna (Sagesse) et Héra (Pouvoir). En choisissant l’amour seul, Pâris a rompu l’équilibre nécessaire entre ces trois forces fondamentales de l’être. Ce déséquilibre a mené à la guerre de Troie, révélant que l’amour, sans discernement ni puissance d’ancrage, peut devenir aveugle et destructeur.

Symboliquement, Éris met en lumière la triade de l’être : Amour, Sagesse et Pouvoir.

–La sagesse sans amour devient froide et dogmatique.

–Le pouvoir sans sagesse est tyrannique et destructeur.

–L’amour sans pouvoir est naïf et vulnérable.

Dans un thème natal, Éris indique l’endroit où la vie nous confronte à cette nécessité d’équilibre. Là où la discorde surgit, un enseignement profond se cache.

Sur le plan intérieur, sa position teste la cohérence de notre être :

–Si la sagesse manque, on agit sous l’impulsion, puis on regrette. La stratégie est de cultiver le silence, d’observer avant d’agir, de dissocier émotions et actions ;

–Si le pouvoir manque, on comprend mais on n’ose pas. La stratégie est d’agir petit, de poser un geste concret, d’amorcer un mouvement ;

–Si l’amour manque, on est efficace mais froid, coupé des autres. La stratégie est de développer l’empathie et d’inclure le bien-être collectif dans ses décisions.

Éris agit aussi comme révélatrice des failles d’un système. Elle ne crée pas la discorde par caprice, mais pour mettre en lumière les fractures d’un ordre qui se croyait stable. Elle est ainsi un facteur de vérité disruptive[1] : ce qui éclate en apparence est en fait une invitation à restaurer l’unité.

Un parallèle peut être établi avec le taoïsme : les trois forces d’Éris trouvent un écho dans les Trois Trésors (San Bao). Le pouvoir (Héra) correspond au Jing, essence et force vitale ; l’amour (Aphrodite) correspond au Qi, énergie en mouvement et relation ; la sagesse (Athéna) correspond au Shen, conscience et lumière de l’esprit. Comme dans la tradition taoïste, Éris nous enseigne que la santé de l’être repose sur l’harmonie de ces trois forces.

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[1] C’est la capacité à révéler ce qui était caché, à mettre en lumière les fractures et à déstabiliser un ordre établi pour qu’un nouvel équilibre puisse émerger.